travail social usure professionnelle prendre soin de soi

OSONS le CARE pour les Travailleurs Sociaux (aussi) …

A l’heure où le travail social peine à séduire…

S’agit-il uniquement d’un manque d’attractivité des rémunérations ?

S’agit-il uniquement d’un changement de paradigme de notre société où le « aller-vers », « la solidarité » sont moins sexy que « la mise en avant », « la valorisation de l’individualité » ?

A l’heure où l’une des principales aspirations de l’ensemble des salarié(e)s est que leur employeur soit attentif à leur santé psychologique, que la semaine de la Q.V.T (Qualité de Vie au Travail) se profile (du 17 au 21 juin 2024), qu’en est-il du bien-être des Travailleurs Sociaux ?

Qu’en est-il de la santé mentale des Travailleurs Sociaux, pris de plus en plus en étau entre un public toujours plus en difficulté (du fait, notamment, des politiques sociales qui se durcissent) et des financeurs qui demandent toujours plus (parce que pour eux aussi le champ des possibles se réduit) ?

A l’heure où les burnout, tout comme dans le secteur médical, se multiplient n’est-il pas temps de redonner, retrouver du sens au travail (social) ?

N’est-il pas temps de penser au bien-être du Travailleur Social pour qu’il sorte de ce paradoxe où, lui-même pris dans toujours plus d’injonctions, d’obligations contradictoires, et donc parfois dans une situation de mal-être naissant ou bien plus profond, est obligé « d’enfiler un costume », « de devenir quasi schizophrène », « de se dissocier » pour être dans le care à l’égard des usagers ?

Est-ce qu’investir cette question du bien-être de celui/celle qui doit « prendre soin » ne contribuerait pas au même titre qu’une meilleure reconnaissance financière à revaloriser ces professions en quête de sens aujourd’hui et en faire (soyons fous) des professions qui attirent plus ?

Assistante Sociale depuis plus de 20 ans, j’ai fait un burnout il y a bientôt 5 ans.

J’ai peu à peu perdu le sens de mon engagement premier.

Est-ce que j’avais choisi il y a 30 ans ce métier pour faire toujours plus d’administratif (à quoi bon faire 3 ans d’études pour avoir l’impression que l’institution nous demande juste parfois d’être une « super secrétaire » ?), remplir toujours plus de tableaux statistiques etc… ?

Bien sûr que NON.

Même si aujourd’hui les choses ont évolué et qu’il est indéniable qu’il faille justifier de son activité auprès des financeurs, j’ai eu peu à peu le sentiment de me noyer dans toute cette « paperasse » et de perdre de vue l’essentiel : le sens même de mon engagement originel : « être avec », « à côté de… », « aller à la rencontre de l’autre », « chercher et prendre le temps de le connaître, pour l’accompagner au mieux ».  

On ne peut pas lutter contre ce qui nous est imposé, mais cela n’empêche peut-être pas, au niveau des services, d’être novateurs, ingénieux pour donner à chacun le sentiment de disposer malgré tout d’un peu de marge de manœuvre ?

Si on changeait notre regard sur les usagers ?

Si on les imaginait plus acteurs, co-constructeurs plutôt que simplement « usagers »,  « bénéficiaires » ?

En ça je suis sûre que certains outils de coaching pourraient nous aider.  Si on osait en intégrer quelques-uns à la formation initiale des Travailleurs Sociaux ?     

Se sentir moins désarmé(e) sur certains points permettrait au Travailleur Social de redonner du sens à son quotidien, de garder (un peu ?) de motivation et pourrait contribuer à l’empêcher de tomber « au front », de lutter contre ce sentiment d’impuissance, de : « à quoi bon ? ».

Osons aborder la question du bien-être du Travailleur Social pour permettre à ceux qui sont déjà là d’avoir envie de rester

Le bien-être au travail, le burnout ne doivent pas être des « gros » mots. Osons les aborder.

Agissons pour la prévention. Pour prendre soin de ceux/celles qui doivent à leur tour « prendre soin ».

Ils sont le tout premier maillon sans laquelle la chaîne (auprès des ‘usagers’) n’existe pas.

Saluons ici l’initiative de quelques Associations (le Groupe SOS, l’Armée du Salut…) qui, au sein de certaines de leurs structures, ont permis à ‘leurs ‘ Travailleurs Sociaux de bénéficier d’un programme, dont l’objectif est de prendre soin d’eux, en apprenant à développer/renforcer leur résilience, accueillir et légitimer leurs émotions (Programme de l’Association Mindfulness Solidaire qui associe des outils de coaching et de méditation de pleine conscience).

Toutefois, selon moi, ces programmes qui s’adressent aux entités individuelles que sont les Travailleurs Sociaux, devraient dans l’idéal (il n’est pas interdit de rêver un peu…) s’accompagner de réflexions autour des modes de fonctionnement des institutions et des équipes (principe systémique s’il en est :)).

En conclusion :

Osons multiplier les approches en complémentarité. Sortons de nos cloisonnements.

Diversifions (encore plus) nos pratiques.

Osons la flexibilité.

Osons l’aménagement du temps de travail pour garantir un équilibre vie personnelle/vie professionnelle, et permettre au Travailleur Social de trouver (encore plus) s’il/elle le souhaite, des « bulles de ressourcement ».

Doit-on refuser une diminution de son temps de travail à quelqu’un, sous prétexte que le service est déjà en sous-effectif, et ainsi faire peser sur ses épaules la responsabilité de quelque chose qui ne lui incombe pas, et risque de le « fatiguer, l’user » à son tour ? Osons questionner cette logique qui à terme peut mener à des situations de service encore « pires ».

Osons le renforcement de la cohésion des équipes par des actions simples (j’ai quelques idées :)).

Osons simplifier la vie du Travailleur Social en évitant de surajouter des procédures/formulaires, à ceux déjà imposés par le cadre législatif, les financeurs.

Osons garantir l’accès à la formation continue pour tous (y compris les TS en CDD).

Osons autoriser les moments de ressourcement pour reprendre son souffle pendant le temps de travail (permettre quelques minutes de pratiques de cohérence cardiaque, méditation…) au même titre que les « pauses clopes ». Il est scientifiquement reconnu que le cerveau, pour être pleinement efficient, a besoin de pauses régulières (si elles sont ressourçantes c’est encore mieux :)).   

Etc, etc (là aussi j’ai quelques idées :))…

Soyons ingénieux et novateurs pour prendre soin de nous (sans toujours attendre que cela vienne d’ailleurs (politique etc..)), prévenir les burnout et les fuites des talents déjà présent(e)s et qui sait ( ?), in fine, (re)donner ENVIE 🙂

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